JO 2020: les sportifs belges qui reviennent de Tokyo ont eu chaud, au propre comme au figuré
Les test-events olympiques en vue des Jeux de Tokyo révèlent des conditions climatiques délicates, mais également une organisation impeccable et la gentillesse des bénévoles. Témoignages...
- Publié le 16-09-2019 à 13h49
- Mis à jour le 16-09-2019 à 13h50
Les test-events olympiques en vue des Jeux de Tokyo révèlent des conditions climatiques délicates, mais également une organisation impeccable et la gentillesse des bénévoles.
Comme lors de chaque Olympiade, la ville-hôte des Jeux organise des test-events. Et Tokyo n’échappe, bien entendu, pas à la règle…
Véritables répétitions générales, à la fois pour les sportifs et pour les organisateurs, ces test-events ont commencé en juin dernier et se poursuivront jusqu’en mai 2020.
Manager de Haute Performance au COIB, Philippe Préat a assisté à trois d’entre eux, à savoir : l’aviron, l’équitation et le triathlon.
"Les test-events auxquels nous avons participé, avec des responsables fédéraux, se sont, dans l’ensemble, bien déroulés. Les Japonais ont réalisé du bon travail. Leur organisation était excellente pour chaque événement. La qualité de leurs installations nous a laissé une forte impression. Prenons l’aviron, par exemple, le site est prêt à 90 %, une seule tribune doit encore y être construite."
Et d’enchaîner : "Il y a, malgré tout, également des points plus sensibles comme la chaleur et l’humidité, le manque d’ombre et la qualité de l’eau. Pendant les épreuves d’aviron et d’équitation, les conditions climatiques étaient vraiment très, très chaudes. Les organisateurs devraient aménager plus d’endroits ombragés sur ces sites, en particulier."
L’organisation des épreuves de triathlon s’est également révélée d’un excellent niveau. Mais les responsables japonais devront proposer des solutions à la chaleur et, surtout, à l’humidité qui règnent à cette période de l’année. Tout comme ils devront remédier à la problématique de la pollution de l’eau dans la magnifique baie d’Odaiba, au Sud de Tokyo.
Des compétitions tôt le matin
Pour ce qui est de la chaleur, il est probable que certaines compétitions auront lieu très tôt le matin comme ce fut le cas avec le triathlon, dont les départs furent donnés à 7 h 30. Et elles pourraient l’être encore plus tôt en fonction du feed-back des sportifs et de leurs fédérations !
"Malgré tout, nos représentants sont, en général, très impressionnés par les sites. Tout comme par la gentillesse des nombreux bénévoles, prêts à accueillir les personnes venues des quatre coins du monde…"
Directeur du Sport de Haut Niveau au COIB, Olav Spahl confirme l’importance d’être présents lors de ces test-events…
"Il faut entendre les besoins et les souhaits de nos sportifs afin de les mettre dans les meilleures conditions pour réussir une performance lors des Jeux."
Ce qui fut déjà le cas pour Matthias Casse, vice-champion du monde -81 kg en judo et Emma Plasschaert, victorieuse du test-event Laser Radial en voile. Ces deux-là ont très envie de déjà y être, à Tokyo 2020 !
En attendant, au total, 56 test-events auront été mis sur pied sur les sites olympiques sur une période d’un an. Preuve que les Japonais (mais on le savait…) ne laissent vraiment rien au hasard !
56
Le nombre de test-events olympiques, en vue des Jeux de Tokyo, mis sur pied par les organisateurs japonais entre juin 2019 et… mai 2020.
"Gentils, respectueux"
Matthias Casse (judo) apprécie assez les Japonais, même si, sur un tatami, “ils sont épuisants...”
Neuf ans après la dernière édition organisée à Tokyo (et la… dernière défaite du Français Teddy Riner !), le Mondial de judo retrouvait la capitale japonaise, fin août… Quoi de plus normal en cette année préolympique ? Mais aussi quoi de plus logique que les judokas reviennent à intervalles réguliers au pays de ce sport à la tradition bien ancrée. Le Japon, tous les judokas s’y rendent au minimum une fois par an, en stage, pour s’entraîner. Et Matthias Casse n’échappe pas à la règle. À 22 ans, il en connaît déjà un bout sur les Japonais… "Ce fut un peu spécial pour moi, la première fois, parce que c’est une autre culture. Les Japonais sont organisés, gentils et respectueux, même si, sur le tatami, ils vous rentrent dedans… En stage, ils sont une trentaine à vous demander de combattre contre eux et ils ne pensent qu’à vous mettre au tapis. Avec le sourire… Et puis, ils n’en n’ont jamais assez ! Ils viennent vers vous en disant : ‘Encore ! Encore !’ À un moment donné, c’est épuisant." Mais le succès passe par cet entraînement intensif. S’il ne figurait pas dans la liste des test-events proprement dits, le Mondial de judo n’en était pas moins une répétition générale, grandeur nature, pour tous les candidats aux Jeux. Et le moins que l’on puisse écrire est que Matthias a réussi son test avec distinction puisqu’il est rentré de Tokyo avec une superbe médaille d’argent. L’Anversois a désormais pris date et lieu avec ses adversaires et, notamment, l’Israélien Muki, son vainqueur. "J’ai pris tous mes repères puisque la compétition olympique aura lieu dans la même salle. Je sais à quoi m’en tenir pour me préparer au mieux. En fait, c’était très intéressant de se retrouver en situation, même si j’imagine que le rendez-vous olympique engendrera encore plus de pression ! Pour ce qui est de Muki, il n’a qu’à bien se tenir. En dehors du tatami, je n’irai pas jusqu’à affirmer que c’est mon ami, parce que c’est un grand mot, mais je l’apprécie. Mais je veux surtout le battre !"
"Au bout de ma vie !"
Claire Michel (triathlon) a terminé 31e d’un test-event pourtant réduit de moitié en course à pied…
Avec une eau à 30,5° dans l’Odaiba Bay et un thermomètre en affichant tout autant dans les rues à proximité où étaient dessinés les parcours à vélo et à pied, la chaleur a été la cause de nombreux malaises lors du test-event féminin de triathlon. Une épreuve dont le parcours à pied a été réduit de moitié, soit 5 km au lieu de 10 ! Ce qui n’a pas empêché une véritable hécatombe… Sur les 65 concurrentes au départ, 54 seulement ont rallié l’arrivée mais, souvent, dans un triste état vu les conditions climatiques. Une chaleur humide. Dans ce contexte, Claire Michel a livré une prestation courageuse. Sortant de l’eau en 50e position, la Bruxelloise s’est accrochée à vélo avant d’être victime de crampes à pied. "Sans doute dues à la chaleur et à l’humidité, j’ai ressenti ces crampes dès les premiers mètres de course à pied. Alors que cette partie est d’habitude mon point fort, quand j’ai terminé, j’étais au bout de ma vie !"
Obligée de s’asseoir dans un fauteuil roulant pour quitter l’aire d’arrivée où les triathlètes s’effondraient les unes après les autres, Claire a passé pas mal de temps sous la tente médicale pour récupérer de cet effort intense. "J’ai surtout été gênée par la chaleur, moins par la qualité de l’eau, décriée par certains nageurs en eau libre. Les organisateurs japonais ont posé un filtre pour nous permettre d’évoluer dans une eau la plus saine possible. Et il y aura quatre filtres l’an prochain. L’inconvénient est que l’eau a, alors, tendance à stagner et qu’à la moindre pluie, elle se dégrade."Dans de telles circonstances, Claire Michel a beaucoup appris de cette épreuve, à un an des JO.
"Plein de confiance"
Emma Plasschaert (voile) a décroché l’or au test-event, devant la championne olympique en titre…
Mission accomplie pour Emma Plasschaert ! L’Ostendaise de 25 ans est rentrée du Japon avec deux superbes médailles d’or en poche. Le calendrier estival d’Emma était, il est vrai, très chargé avec le Mondial, d’abord, en juillet, à Sakaiminato, le test-event olympique, ensuite, et une manche de Coupe du monde, enfin, ces deux derniers événements étant organisés dans la baie d’Enoshima, déjà port olympique en 1964… Championne du monde, l’an dernier, en Laser Radial, Emma Plasschaert a, cette année, terminé au pied du podium après un mauvais début de compétition. Mais, visiblement, c’était reculer pour mieux sauter ! Car la suite s’est déroulée comme dans un rêve doré… L’Ostendaise a, en effet, remporté le test-event olympique, conservant sa première position au terme d’une Medal Race perturbée par l’absence de vent. Réunissant les dix meilleures concurrentes, la régate finale a d’abord été reportée, puis annulée, le classement étant alors acquis. "Je pense que les organisateurs ont pris la bonne décision ! Personnellement, j’étais partagée entre deux sentiments, la frustration de ne pas pouvoir terminer le travail en beauté et le soulagement d’avoir remporté cette épreuve." Emma Plasschaert a donc décroché l’or avec un total de 79 points, devant la Néerlandaise Bouwmeester (82 points) et la Hongroise Erdi (88 points). "Je suis très satisfaite du résultat parce qu’il m’offre le plein de confiance pour l’avenir et, en particulier, pour les Jeux, bien sûr. Toutes les meilleures étaient présentes lors de ce test-event…" Et Emma se sent d’autant mieux que, dans la foulée de ce test-event, elle a également remporté la manche de Coupe du monde, disputée au même endroit ! Avec un total de 54 points, elle y a devancé la Danoise Rindom (57 points) et la Britannique Young (64 points) alors que la Medal Race n’a de nouveau pu avoir lieu, toujours par manque de vent ! Elle sait donc à quoi s’en tenir…